Chez OpenClassrooms, la mission est « soudée » aux processus et aux produits, pour s’assurer que son succès ne détourne pas l’entreprise d’une mission héritée de son histoire : « Rendre l’éducation accessible ». Et tant pis si cela implique de devoir dire non à des clients potentiels pour des offres certes lucratives, mais trop écartées de sa raison d’être.
Pour Pierre Dubuc, la mission d’OpenClassrooms est « l’étoile polaire de l’entreprise ». Chaque décision est considérée au regard de la façon dont elle sert la mission : assurer que chacun, indépendamment des circonstances individuelles, ait accès à une éducation de qualité, à un prix abordable. « Nous avons ainsi déjà refusé de travailler pour un client : il voulait garder confidentielles les formations sur-mesure conçues par OpenClassrooms. Et nous militons pour les mettre en ligne, car rendre l’éducation accessible à tous est fondamental. » L’histoire d’OpenClassrooms donne la clé de cette mission si clairement affirmée. En 1999, Pierre Dubuc et Mathieu Nebra, alors âgés de 11 et 13 ans, lancent leur premier cours de programmation en ligne, puis des tutoriels pour leurs copains. Dès le début, l’objectif est de rendre accessible un savoir complexe. Le Site du Zéro devient une communauté de bénévoles en ligne très courue, riche de forums collaboratifs et de nouveaux cours. En 2013, le site devient OpenClassrooms, une startup en forte croissance. OpenClassrooms propose aujourd’hui des parcours diplômants en ligne à plus de 3 millions d’étudiants chaque mois à travers le monde.
Aujourd’hui, pour s’assurer que les collaborateurs la portent, la mission est le premier chapitre du cours en ligne d’accueil et d’intégration dans l’entreprise. Les collaborateurs y apprennent que, pour tout arbitrage, la première question à se poser est : « cela va-t-il dans le sens de la mission ? ». « En fait, même si la mission n’a été formulée qu’il y a quelques années, elle est implicite depuis le début et a été soudée à tous nos processus. Elle est incarnée dans nos méthodes de recrutement, d’évaluation, de formations, dans tous nos produits », insiste Pierre Dubuc. Si l’utilisateur ne trouve pas d’emploi à la suite d’une formation et du coaching fourni par OpenClassrooms, sa formation lui est remboursée. Chiffre d’affaires et impact sociétal sont liés intrinsèquement, faisant de la mission le modèle économique de l’entreprise.
Avant même les décrets d’application de la loi PACTE, OpenClassrooms a intégré sa raison d’être dans ses statuts et a décidé de devenir société à mission. « Nous avons fait cette démarche juste avant une levée de fonds, afin que les investisseurs soient alignés avec notre mission, avec ce à quoi on renonce et ce qu’on embrasse, et ne soient pas tentés de la piétiner », précise Pierre Dubuc. L’intégration dans les statuts donne également des garanties de maintien du sens de l’activité pour des jeunes recrues aux critères d’engagement exigeants. Un comité d’impact composé de représentants de toutes les parties prenantes de l’entreprise (fondateurs, salariés, investisseurs, professeurs, mentors, étudiants, alumni, partenaires académiques, employeurs, associations et pouvoirs publics) a été mis en place pour veiller à la cohérence des activités avec la mission. Le premier audit est attendu pour mars. Des mesures d’impact quantitatives et qualitatives ont été établies, comme le nombre d’étudiants qui décrochent un emploi à l’issue de leur formation en ligne. « Le comité d’impact est aussi le garant à long terme de la bonne exécution de la mission, c’est le gardien du temple. »
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