Recherche de sens dans son activité, télétravail, « bien-être au travail », raison d’être des entreprises, RSE, intrapreneuriat : de nouvelles manières de travailler viennent bouleverser le cadre classique d’intervention des salariés, qui cherchent à renforcer l’impact social et environnemental de leur activité et par-là même à positionner leur entreprise comme un acteur créateur de valeur pour la société civile. La recherche de sens au travail et de nouvelles manières d’aborder la création de valeur nous conduisent à repenser le temps de travail et ce que l’on met derrière ce mot : productivité mais aussi aspiration.
Dans ce nouvel état d’esprit, on définit le mécénat de compétences comme la mise à disposition de collaborateurs à titre gracieux et sur leur temps de travail pour réaliser des missions d’intérêt général mobilisant ou non leurs compétences.
En quoi le mécénat de compétences est-il un vecteur de l’engagement des collaborateurs ? Comment sa mise en place au sein de votre organisation est-elle génératrice d’impact social ? Telle est la question posée à nos trois intervenantes.
Interview de Bérénice Van Cutsem – Fondation Société Générale
Bérénice Van Cutsem est chargée de mécénat solidaire pour Société Générale. La Fondation Société Générale soutient depuis 2006 des associations œuvrant pour l’insertion professionnelle et l’insertion par l’éducation de publics en difficulté en France et dans les pays d’implantation du Groupe.
D’où vous est venue la conviction qu’il fallait mettre en place du mécénat de compétence à la Société Générale ?
Cela fait plus de 10 ans qu’on le met en place. Au départ, c’est né spontanément, des initiatives des salariés. Aujourd’hui, plus de 18 700 salariés se sont engagés dans des actions solidaires ! Pour nous, c’est important de proposer à nos salariés de s’investir sur leur temps de travail auprès de nos associations partenaires. La relation avec l’entreprise change car nos collaborateurs comprennent davantage l’impact de notre partenariat avec ces associations et l’importance de leur propre engagement.
Concrètement, quels sont les programmes de mécénat de compétences que vous proposez ?
Nous avons de multiples formats : parrainage, journées pro bono, éducation financière, temps forts solidaires, etc. Par exemple, récemment, avec l’association Aurore, des salariés ont repeint un lieu d’hébergement d’urgence. D’autres ont participé à un programme d’éducation financière, avec l’association Cresus, qui lutte contre le surendettement, auprès des 12-30 ans pour apprendre à gérer son premier salaire avec un jeu de plateau. Le « Citizen Commitment time » est le temps fort solidaire du Groupe. En 2019, plus de 10 000 collaborateurs se sont engagés dans 28 pays. Ces programmes, très différents les uns des autres, permettent de mobiliser la diversité des compétences de nos collaborateurs.
Quelles sont vos prochaines étapes pour continuer à développer ces programmes ?
18 700 collaborateurs engagés, c’est déjà une belle réussite mais nous voulons continuer à développer ces programmes ! Nous lançons donc une communauté interne sur toute la France, les relais de la Fondation Société Générale, qui feront connaître davantage ces différents programmes et les partenaires de la Fondation au reste des collaborateurs, en proximité.
Interview de Sonia Lourenço – Pro Bono Lab
Pro Bono Lab est le spécialiste de l’engagement par le partage de compétences bénévolat/mécénat de compétences). Créé en 2011, Pro Bono Lab permet aux grandes causes sociétales de se développer en réunissant, pour chacune d’entre elles, les compétences que des femmes et des hommes engagés sont en capacité de leur offrir gratuitement, en pro bono.
Chez Pro Bono Lab, quel est votre « why » ?
Le Pro Bono, l’engagement par le partage de compétences, rassemble des mondes qui ne sont pas amenés à se rencontrer : il permet à des étudiants, des collaborateurs d’entreprise, des personnes retraitées et plus largement à tout citoyen de mettre ses compétences à disposition d’associations et donc de les aider à construire des solutions pour la société. Notre objectif : que ces associations puissent avoir accès aux compétences dont elles ont besoin pour maximiser leur impact.
Aujourd’hui, quels sont les besoins des associations que vous accompagnez ?
Les associations sont confrontées à différentes problématiques : se faire connaître, expliquer leur mission, créer de nouvelles offres ou encore fidéliser leurs bénévoles. Elles n’ont pas toujours les compétences en interne pour traiter ces sujets. Nous organisons des ateliers d’intelligence collective avec des volontaires, notamment des salariés d’entreprise, aux profils et compétences complémentaires, pour répondre à leurs problématiques.
Quels sont les facteurs qui vont permettre au mécénat de compétences de prospérer ?
Les programmes de mécénat de compétences se développent de plus en plus. Aujourd’hui, l’enjeu principal est d’accompagner ce développement sans perdre de vue l’objectif du mécénat de compétences : générer le plus vaste impact social possible. Chez Pro Bono Lab, nous sommes persuadés que chacun possède des compétences qui peuvent servir le bien public. Or beaucoup de personnes ne se rendent pas compte de tout ce qu’ils ont à offrir et se mettent eux-mêmes des freins. L’entreprise est alors un espace privilégié pour travailler sur ces questions et révéler à chacun tout son potentiel d’action. Cette prise de conscience nécessite un sponsorship important de la direction, qui ouvre la voie de l’engagement pro bono.
Interview d’Ombeline Maire – Balthazar
Ombeline est responsable marketing de Balthazar. Elle fait vivre l’identité du Groupe à travers différentes missions telles que les événements, la communication RP, la création de différents supports de communication, etc.
Quelle était votre mission en mécénat de compétences et quel en a été le déclencheur ?
Il s’agit d’un chemin personnel au départ, cela fait plusieurs années que je suis engagée pour l’accompagnement des malades et depuis longtemps j’ai le souhait d’allier projet professionnel et aspirations personnelles. En arrivant chez Balthazar, j’ai eu la chance de pouvoir vivre ma première expérience de mécénat de compétences en faisant un stage partagé. Pendant 6 mois, je travaillais 4 jours avec Balthazar et 1 jour par semaine pour le développement de la Fondation France Répit, qui propose des lieux et des services pour les familles prenant soin d’une personne gravement malade ou en situation de handicap au domicile, avec les conséquences lourdes que cette prise en charge peut entraîner sur la vie familiale, professionnelle et sociales des « aidants ».
Comment avez-vous vécu cette mission et comment s’est fait le lien entre l’association, l’entreprise et Vendredi, la structure qui faisait l’intermédiaire ?
À partir du moment qu’un système de confiance est créé, toutes les parties sont prêtes à s’ajuster et à construire un nouvel équilibre de travail. Tant que je menais à bien mes missions, Balthazar me laissait m’organiser comme je le souhaitais pour mettre mes compétences au service de cette structure innovante à but social et humain. La priorité était bien sûr à l’entreprise et il était tout à fait possible d’adapter mon planning en cas de grosses échéances. Avec une bonne organisation, j’arrivais, en une semaine, à m’épanouir dans deux milieux différents !
Un an après, quel bilan et bénéfices tirez-vous de cette expérience ?
Cette expérience m’a fait réaliser que de nombreux besoins humains, aujourd’hui non satisfaits, appelleront demain des solutions innovantes où l’information, la communication, le mécénat, les réseaux sociaux joueront un rôle majeur. Cela m’a également permis de fortifier d’autres formes de compétences humaines, telles que l’agilité, l’adaptation, l’organisation, etc.
Un an après, je suis reconnaissante envers Balthazar et la Fondation France Répit de m’avoir permis de mettre mes compétences au service d’une organisation œuvrant dans le domaine de l’intérêt général et pour une cause qui me tient particulièrement à cœur. Cela me donne d’autant plus envie de m’engager chez Balthazar !
Propos recueillis par Madenn PECORARI
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